Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/84

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Quelle est la source de cet épisode ? Quelle en est la signification ?

Rien n’y est traduit, sauf le portrait que Ganga trace de Bhagavat : c’est celui que fait du dieu, dans le Bhagavata-Purana, un personnage nommé Cuka. Leconte de Lisle n’a pas ajouté un seul trait nouveau, il n’en a modifié aucun ; il s’est contenté de choisir trois strophes dans les douze ou quinze que le poète indien consacre à sa description ; encore a-t-il fait des coupures dans ces trois strophes :


On dit que les Vêdas sont le sommet de la tête de l’Être infini, que ses défenses sont Yama, et ses dents les objets que l’homme aime le mieux ; son sourire est Mâyâ, qui trouble les mortels ; son coup d’œil est la création sans bornes.

Sa lèvre supérieure est la modestie ; sa lèvre inférieure est le désir ; son sein est la justice et son dos la voie de l’injustice ; …son ventre, les océans ; la charpente de ses os forme les montagnes.

Les fleuves sont ses veines ; les collines qui s’élèvent à la surface de la terre sont les poils qui croissent sur le corps de celui dont l’univers est le corps ; son souffle est le vent dont la force est infinie ; sa marche est le temps ; son action est le cours des qualités[1].


Dans le reste de l’épisode, l’imitation a été beaucoup plus originale.

Il est conté au livre IX du Bhagavala-Purana que, des insolents ayant été consumés par le feu céleste pour avoir offensé un brahmane et n’ayant pu monter au ciel, un roi


  1. Liv. II, chap. Ier, Description du corps de Mahâpuracha ; trad. Burnouf, t. I, p. 201-205.