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Pour s’engloutir dans l’ombre infini où tout va ;
Tout cela n’est pas même un moment de Siva.
Et quand l’Illusion qui conçoit et qui crée,
Stérile, aura tari sa matrice sacrée
D’où sont nés l’homme antique et l’univers vivant ;
Quand la terre et la flamme, et la mer et le vent,
Et la haine et l’amour, et le désir sans trêve,
Les larmes et le sang, le mensonge et le rêve,
Et l’éblouissement des soleils radieux,
Dans la nuit immobile auront suivi les Dieux ;
Se faisant un collier de béantes mâchoires
Qui s’entrechoqueront sur ses épaules noires,
Siva, dansant de joie, ivre de volupté,
Ô Mort, te chantera dans ton Éternité !




NURMAHAL[1]


À la fin du xvie siècle, un Mongol, descendant de Timour, Akbar, fonda par la conquête un puissant empire dans le nord de l’Inde, et il le gouverna avec sagesse. Musulman d’origine, il protégea avec une égale bienveillance les brahmanes, les bouddhistes, les fakirs et les jésuites. Il mourut plein de gloire en 1605.

Ses deux premiers successeurs, Djihan-Guîr et Scha-Djihan, consolidèrent l’empire qu’il avait fondé et en étendirent les limites. Ils couvrirent Lahore, Delhi et Agra de monuments somptueux. Dans leur demeure s’étendit une galerie où des ceps d’or massif portaient des grappes d’émeraudes et de rubis. Les pierres les plus précieuses s’étalaient sur leur trône, sur leurs armes, sur leurs vêtements, sur ceux de


  1. Poèmes barbares, XXI.