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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/116

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venue li manda tantost par l’evesque d’Aucuerre[1] que il se contendroit à sa volenté[2] de la comune defaire. Après ce mandement vint encontre le roi juques à Mouret[3] et li fiança[4] que jamais en sa vie à la commune ne s’asentiroit, ainz la deferoit à son pooir. Après la fiance et la seurté que il ot prise dou conte, departi ses oz et s’en ala juques à Aucuerre. Là furent mandé li borgois de Vezelai et jurerent devant le roi que toz jors mais se contendroient à la volenté l’abbé Poinçon[5] et cex qui après li seroient, et que il depeceroient lor comune, ne jamais ne la restabliroient. Et por amende de cet outrage, donerent à l’abbé, par le commandement le roi LXm souz[6], et ensi fu la pais d’aus et de l’abbé faite et reformée.

Ne sai quanz anz après, avint que li cuens Guillaumes de Nevers[7] recommença à asalir cele eglise et à contralier[8], por aucunes costumes que il clamoit à tort sor cele eglise, que li abbés[9] li nioit ; por quoi il avint que, la paor de Dieu obliée, il lor soutrait lor viandes ; et

  1. Alain, 1152-1167.
  2. Que il se contendroit à sa volenté, qu’il s’efforcerait suivant sa volonté ; latin : « Mandavit ei quod secundum suam voluntatem de predicta communia faceret. »
  3. Moret, Seine-et-Marne, arr. de Fontainebleau, ch.-l. de cant.
  4. Li fiança, lui assura ; latin : « ei fiduciavit ».
  5. Pons de Montboissier, abbé de Vézelay.
  6. On a seulement dans le latin : « Quadraginta milia solidorum. »
  7. Guillaume IV, comte de Nevers, qui, en 1161, succéda à son père Guillaume III.
  8. Contralier, contrarier, tourmenter.
  9. L’abbé de Vézelay était alors Guillaume de Mello, qui, le 14 octobre 1161, avait succédé à Pons de Montboissier, mort peu auparavant.