Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/110

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l’Assumpsion Nostre Dame, le roy vint touz nus piez et desçaint, en pure sa cote, et ses iii freres, Robert, Alphons et Karle, et aporterent les saintes reliques mout honorablement a grant compaignie du clergié et du pueple et des genz de religion, faisant grant melodie de douz chanz et de piteus, et vindrent à porcession jusque à Nostre Dame de Paris. A celle porcession vint li abbés de Saint Denys et tout son couvent revestuz de chapes de soie, tenant chascuns i cierge en sa main. Ainsi vindrent toutes les porcessions chantant dès Nostre Dame jusques au palais le roy, et entrerent en la chapelle[1] où la sainte couronne fu mise.

Après i poi de temps[2], le roy entendi que la gent l’empereour de Constantinoble estoient en si grant povreté que il avoient baillié en gages, pour une somme d’argent, grant partie de la croiz du fust où Nostre Sires fu crucefiez, et l’esponge de quoi il fu abuvrez, et le fer de la lance de quoi Longis le feri el costé. Si se douta forment que tiex saintes reliques ne feussent perdues par deffaute de paiement. Si donna tant et promist à l’empereour Baudouin que il s’acorda que li roys les delivrast de là où il estoient. Adont envoia le

    latine, t. I, p. 191, et dans sa Vie de saint Louis, on a feria quinta, ce qui désigne bien le jeudi 18 août 1239.

  1. La sainte couronne fut déposée d’abord dans la chapelle Saint-Nicolas, qui avait été fondée dans le palais par Louis le Gros.
  2. C’est en 1241 que saint Louis acheta la relique de la vraie croix. Sur l’acquisition de cette relique qui avait été engagée par Baudouin aux Templiers de Syrie, voir L. Delisle, Mémoires sur les opérations financières des Templiers, p. 17, et N. de Wailly, Récits du xiiie siècle sur les translations faites en 1239 et en 1241 des saintes reliques de la Passion, dans Bibl. de l’École des chartes, t. XXXIX (1878), p. 401-415.