Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

coup sur coup et en même temps. Les uns essayaient d’ébranler la porte, d’autres secouaient le marteau d’une force incroyable, ceux-ci se pendaient au cordon de la sonnette, ceux-là lançaient des pierres dans les volets.

À ce carillon, je tressaillis, j’imaginais que notre asile allait être violé de nouveau ; Pauline et sa sœur n’étaient pas trop rassurées ; enfin l’on descend l’escalier quatre à quatre, la porte s’ouvre, il semble que ce soit une digue qui vient de se briser. Le torrent se précipite, un mélange confus de voix articule des sons auxquels nous ne comprenons rien. – Pierre, Paul, Jenny, Élisa, toute la maison ; ma femme, lève-toi. Ah ! mon Dieu ! ils dorment comme des souches. On eût dit que le feu était à la maison. Bientôt nous entendîmes aller et venir les portes ; c’est un mouvement, un bruit inconcevables, c’est une servante qui se plaint en termes grossiers d’une familiarité indécente, ce sont des éclats de rire bruyants ; des bouteilles s’entrechoquent. Les plats, les assiettes, les verres remués précipitamment, le tournebroche qu’on remonte, concourent à ce charivari ; l’argenterie résonne, et des jurons anglais et français, jetés pêle-mêle au milieu du