Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/273

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Ma lettre indiquait avec tant de précision l’espèce de renseignements que je pourrais donner, que M. Henry en fut frappé ; une seule considération l’arrêtait, c’était l’exemple de plusieurs individus prévenus ou condamnés, qui, après avoir pris l’engagement de guider la police dans ses recherches, ne lui avaient donné que des avis insignifiants, ou bien encore avaient fini eux-mêmes par se faire prendre en flagrant délit. À cette considération si puissante, j’opposai la cause de ma condamnation [1], la régularité de ma

  1. Entre les pièces que je produisis était la suivante que je transcris ici parce qu’elle relate les motifs de ma condamnation, en même temps qu’elle prouve la démarche faite en ma faveur par M. le procureur général Ranson, pendant ma dernière détention à Douai.
    Douai, le 20 janvier 1809.


    LE PROCUREUR GÉNÉRAL IMPÉRIAL
    près la cour de justice criminelle du département du Nord,


    Atteste que le nommé Vidocq a été condamné le 7 nivôse an 5, à huit ans de fers, pour avoir fait un faux ordre de mise en liberté.

    Qu’il paraît que Vidocq était détenu pour cause d’insubordination, ou autre délit militaire, et que le faux pour raison duquel il a été condamné n’a eu d’autre but que celui de favoriser l’évasion d’un de ses compagnons de prison.

    Le procureur général atteste encore, d’après les renseignements par lui pris au greffe de la Cour, que ledit Vidocq s’est évadé de la maison de justice au moment où l’on allait le transférer au bagne, qu’il a été repris, qu’il s’est encore évadé, et que, repris de nouveau, M. Ranson, alors procureur général, a eu l’honneur d’écrire à Son Excellence le ministre de la Justice pour le consulter sur la question de savoir, si le temps écoulé depuis la condamnation de Vidocq et sa réarrestation pourrait compter pour le libérer de sa peine.

    Qu’une première lettre étant restée sans réponse, M. Ranson en a écrit plusieurs, et que Vidocq interprétant le silence de Son Excellence d’une manière défavorable pour lui, s’est évadé derechef.

    Le procureur général ne peut représenter aucune de ces lettres, parce que les registres et papiers de M. Ranson, son prédécesseur, ont été enlevés par sa famille, qui a refusé de les réintégrer au parquet.


    Rosie.