Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/368

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la consolation des prévenus ; enfin, il était parfaitement disposé quand la voiture s’arrêta à la porte du restaurant. Je le fis aussitôt monter devant moi, et au moment de faire ma carte, je lui dis que, désirant pouvoir manger avec tranquillité, je le priais de me permettre de l’attacher à ma manière. Je consentais à lui laisser dans toute sa plénitude le jeu des bras et de la fourchette : à table on ne saurait désirer d’autre liberté. Il ne s’offensa point de la précaution, et voici ce que je fis : avec les deux serviettes, je lui liai chaque jambe aux pieds de sa chaise, à trois ou quatre pouces du parquet, ce qui l’empêchait de tenter de se mettre debout, sans risquer de se briser la tête.

Il déjeuna avec beaucoup d’appétit, et me promit de répéter en présence de M. Henry tout ce qu’il m’avait confessé. À midi, nous prîmes le café : Delzève était en pointe de vin, et nous repartîmes en fiacre, tout à fait réconciliés et bons amis : dix minutes après, nous étions à la préfecture. M. Henry était alors entouré de ses officiers de paix, qui lui faisaient leur cour du jour de l’an. J’entre et lui adresse ce salut : – J’ai l’honneur de vous souhaiter une bonne et heureuse année, accompagné du fameux Delzève.