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VOYAGE EN ESPAGNE.

Geoffroy Saint-Hilaire eut accepté cette mission, elle prit une importance qu’on n’avait pas songé d’abord à lui donner. On l’étendit à tout ce qui pouvait intéresser, non-seulement les sciences en général, mais aussi les lettres et les arts. Geoffroy Saint-Hilaire reçut donc par ses instructions, soit écrites, soit confidentielles, des pouvoirs presque illimités.

Il n’était pas homme à en abuser. Il le montra dès le début. Quand il pouvait, par le droit du vainqueur, enrichir nos musées aux dépens du Portugal, il se posa pour règle de conduite cette maxime : Les sciences ne sont jamais en guerre[1]. Il voulut que sa mission, utile à la France, le fût aussi au Portugal, et fit préparer plusieurs caisses d’objets d’histoire naturelle, destinés à remplacer dans les collections portugaises les productions du Brésil, si rares alors et si précieuses, dont celles-ci étaient remplies.

Il partit pour Bayonne le 20 mars. Murat n’était point encore entré à Madrid[2] ; le sang français

  1. Nous avons retrouvé cette pensée dans une lettre que Kleber écrivait en pluviôse an VIII à Geoffroy Saint-Hilaire. On ne lira pas sans intérêt ces belles paroles du général en chef de l’armée d’Égypte : « Je vois cette correspondance avec satisfaction (la correspondance de Geoffroy Saint-Hilaire avec Banks) ; ce commerce réciproque de lumières est important pour la science, et les guerres politiques ne doivent jamais l’interrompre. »
  2. Il l’occupa le 25.