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CHAPITRE VI.

des premiers sa visite. Il n’usa de son pouvoir que pour y pénétrer. Il pouvait tout exiger, il n’exigea rien. Mais sa modération même lui devint profitable. Ce qu’on lui eût caché, on le lui montra. Il laissa aux moines tout ce qu’ils tenaient à conserver, et en reçut de précieux fossiles, dédaignés par eux, et des cristaux, existant en double dans leurs collections.

À Saint-Vincent de Fora, vaste édifice occupé par des chanoines réguliers de Saint-Augustin, il trouva, non plus un cabinet d’histoire naturelle, mais une riche bibliothèque, composée de plus de quarante mille volumes et de nombreux manuscrits. Quelques-uns de ceux-ci, fort précieux à divers titres, fixèrent surtout l’attention de Geoffroy Saint-Hilaire. Comme il insistait sur leur importance, les chanoines présents pensèrent qu’il allait les demander, et jugèrent prudent d’aller au devant de ses exigences. « Vous êtes maître de les prendre, lui dirent-ils, mais nous vous supplions de nous en laisser faire des copies. » La réponse de Geoffroy Saint-Hilaire leur causa autant de surprise que de joie. « Je suis venu, dit-il, pour organiser les études, et non pour en enlever les éléments. » Et il se borna à recevoir des chanoines d’autres manuscrits[1] et des

  1. Les plus précieux des manuscrits rapportés par Geoffroy Saint-Hilaire, proviennent d’une autre source, du grenier de l’hôtel d’un noble émigré, où ils étaient depuis longtemps