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CHAPITRE VIII.

bec d’Oiseau représenterait ces dents que l’on appelle composées, comme sont, par exemple, celles de l’Éléphant, et qui consistent en une série de lames ou de cônes dentaires, coiffant chacun une lame ou un cône pulpeux, et réunis tous ensemble en une seule masse, par l’émail et le cortical : la différence ne consisterait que dans la nature de la substance transsudée par les noyaux, et dans l’absence perpétuelle d’alvéoles et de racines. »

Et encore, ajouterons-nous, cette triple différence entre le bec et les dents de certains Vertébrés, n’existe que si l’on considère celles-ci dans l’Éléphant ou dans telle autre espèce en particulier. Elle s’évanouit dès que l’on arrive à comparer, comme on doit le faire en anatomie philosophique, la série tout entière des espèces. Les alvéoles ne manquent-ils pas chez divers animaux ? Et, par exemple, les dents ne sont-elles pas chez les Squales, adhérentes aux gencives seules ? Le défaut de racines ne s’observe-t-il pas jusque dans la classe des Mammifères ? Et l’un de ceux-ci, l’Ornithorhynque, ne nous fournit-il pas un exemple de dents cornées, incontestablement plus semblables, par leur constitution physiologique et chimique[1], au bec des Oiseaux qu’aux dents calcaires des autres Mammifères ?

  1. L’examen des dents de l’Ornithorhynque au point de vue chimique, a été fait en 1812 par notre célèbre chimiste M. Chevreul.