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CHAPITRE XII.

voulut se démettre de ses deux chaires[1]. Toutefois il n’exécuta qu’incomplétement son projet. M. Dumas, à peine appelé au décanat, vint lui demander de conserver à la Faculté un nom qui, au défaut de lui-même, était déjà pour elle un lustre et une force[2]. Une telle prière dans une telle bouche, le toucha vivement, et sa démission fut retirée. Il quitta, au contraire, en 1841, cette chaire du Muséum où il avait eu l’honneur d’inaugurer en France, quarante-sept ans auparavant, l’enseignement de la zoologie[3].

C’est ainsi qu’il se préparait à quitter cette terre où il avait passé, découvrant la vérité et pratiquant le bien. Sa sérénité ne fut pas troublée un seul instant. Lui, d’un caractère naturellement si ardent, si impétueux, il supporta avec une inaltérable résignation toutes les infirmités que la vieillesse

    aussi éclairés que pleins d’affection, avait déjà fixé le moment où Geoffroy Saint-Hilaire devait subir l’opération de la cataracte. Une congestion cérébrale survint quelques jours auparavant, et il fallut ajourner indéfiniment. Depuis cette maladie, Geoffroy Saint-Hilaire est toujours resté dans un état d’extrême faiblesse.

  1. Ainsi à tous les actes de sa vie présida le même désintéressement, le même oubli de lui-même.

    Un ministre lui écrivait un jour : « Vous voulez partout pour autrui, point pour vous. C’est repousser ce qui va le plus naturellement à vous. »

  2. Voyez le Discours déjà cité de M. Dumas.
  3. Voici en quels termes il annonça à M. le Ministre de l’Instruction publique le parti qu’il venait de prendre :