Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
CRÉATION DE LA MÉNAGERIE.

venons de rappeler, la réalisation de ce projet était renvoyée à une autre époque. On l’indiquait plutôt pour l’avenir, et pour un avenir indéfini, qu’on ne la souhaitait dans le présent. Quand l’établissement renaissait sous une forme nouvelle avec tant de devoirs et si peu de moyens d’y satisfaire, on trouvait sage d’ajourner à des temps meilleurs toute création difficile ou dispendieuse, et l’institution de la Ménagerie offrait plus qu’aucune autre ce double caractère.

Mais il est de ces instants où la vraie sagesse consiste, non dans cette froide prudence qui doit présider aux actes ordinaires de notre vie, mais dans la hardiesse même d’une rapide, d’une subite détermination. Cinq mois ne s’étaient pas encore écoulés depuis la réorganisation du Muséum, lorsqu’une occasion se présente tout à coup de créer la Ménagerie. Cette occasion, il fallait la saisir, à quelques difficultés, à quelques embarras que l’on dût s’exposer, ou renoncer, pour un grand nombre d’années peut-être, à un projet dont l’exécution importait à un si haut degré au progrès de la science et à la splendeur de l’établissement. Geoffroy Saint-Hilaire, appelé le premier par ses fonctions à prendre un parti, n’hésita pas. Sans locaux préparés, sans fonds alloués pour la nourriture et la garde des animaux, sans que rien eût été ni disposé ni prévu pour la création immédiate de la