Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ma raison porte témoignage au bel amour. » Puis, de voix lente et grave et comme illuminée D’un jour d’arrière-été et, tantôt, devinée A peine, et confondue au sanglot qui l’opprime, Elle dit ce poème, où nous mettions la rime, Honteux de ne pouvoir transcrire le son même De sa voix emmêlant son parfum au poème. a Quand se fut écoulé, des seuils et vers l’aurore, Rumeur de pas sans nombre, élans de joie encore Assourdis de mille ans de larmes égouttées En la nuit caverneuse et des Anges goûtées, Comme un vin échappé du pressoir, au cellier, Le grand cortège, où vont, par mille et par millier, L’élite des élus de la famille humaine Qu’en son vol innombrable un choeur d’archanges mèn Devers le Trône et vers les lieux que l’Ordre assigne ; De loin, là-bas, un groupe, en chantant, à grands signes, Hâte le déploîment des étendards fardés ; Il ne s’entendait plus que les pas attardés De quelque patriarche hésitant ou moins leste ;