Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/90

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Dans le silence accru de l’ombre, sans un geste, Las ! l’antique Sarah, penchée au parapet, D’où le regard descend vers le cycle aux cyprès, Frémit, accueille en pleurs l’heure trop tôt venue, Laisse choir en ses mains cette tête chenue Dont Jacob au berceau flatta l’ardeur ravie ; Et près d’elle, debout, blonde comme la vie, Eve, souriante du sourire universel, Entre ses tresses d’or qu’Éden fit de son miel, Soudain, émerveillée à voir toute la plaine, En contre-bas, mouvante de la flore humaine De ses flancs généreux éclose pour une heure, Boutons d’amours brisés qui gardent la saveur Du baiser dont naquit toute chair enfantée, Se récrie, éperdue et de terreur hantée : « Ne viendront-ils, aussi, les chérubins ? « Ne seront-ils vos frères vêtus de lin ? « Et leur rire, monté en écho jusqu’ici, « N’est-il une musique, aussi, du paradis ? « Et les rondes qu’ils font, maladroits dans leur grâce, « Ne sont-elles nuages à voiler Votre face, « Jéhovah, interdite même aux cent yeux osés