Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/99

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Tu trouveras, pourvu que ton coeur l’y découvre, L’Amour, assis au trône enflammé, d’or vêtu ; Il porte, aux yeux sans joie, un masque : la vertu Dont le grand voile noir aux ténèbres se mêle ; Là, trébuche, engourdi, le vain troupeau qui bêle Sa honte et sa douleur de ne comprendre pas Le Bon Pasteur, de qui, croyant suivre ses pas, Il s’éloigne et s’égare dans la triste vallée Des larmes, que tu vois en contre-bas, comblée D’éboulis enlacés de ronces et d’orties Et dont, pour qui s’y traîne, il n’est plus de sortie. Aux marches du perron, aux bancs de la charmille, Une vaste harmonie unira la famille Des plantes, des rochers, des oiseaux et des vents, Comme les membres clairs du grand être vivant Que Dieu projette en ombre au devant de Sa face Pour qu’il chante la gloire auguste qu’il retrace Et soit l’hommage qu’il se rendrait à Lui-même : Ta voix s’y mêlera dans l’infini Poème. L’Amour veille ; la brise est le vent de son aile ; Il n’ose, tant l’extase est immatérielle,