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prirent le pays, sans le transformer, ils reçurent la religion des évêques gaulois. Ils laissèrent subsister la langue que parlait cette religion. Ils apprirent eux-mêmes les idiomes populaires entés sur cette langue progressivement altérée dans les Gaules, et, à la longue, ils se confondirent dans le peuple plus nombreux et plus éclairé qu’ils avaient conquis. L’ancien esprit romain, l’ancienne langue romaine corrompue successivement, prévalurent dans les Gaules sur la langue des conquérants nouveaux.

L’examen de ces faits, Messieurs, entraînera de longs détails. Là se présenteront des questions d’histoire et de philologie qui sont contentieuses, je l’avoue. Lorsque nous aurons admis qu’à dater du viie siècle, trois langues principales avaient cours dans les Gaules, la langue latine encore officielle et ecclésiastique, une langue vulgaire uniformément altérée du latin, une langue allemande que les vainqueurs avaient apportée avec eux, qu’ils perdirent en partie et qu’ils n’imposèrent pas aux habitants du pays, plus d’une difficulté se présente.

En admirant et en étudiant les belles recherches d’un homme de lettres célèbre, érudit et poëte, M. Raynouard, peut-être lui soumettrons-nous quelques doutes sur la généralité de son