Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui remplissent l’histoire de la France du Nord, on les rencontre beaucoup plus rarement dans la France du Midi. La douceur du climat, je ne sais quelle impression chevaleresque et généreuse venue de l’Espagne et même des Maures, avaient communiqué aux habitants une élégance poétique, qui se rapproche un peu de l’humanité des temps modernes.

Là, Messieurs, je devrais souvent abréger ou fuir des détails qui ne conviendraient pas à la gravité de cet auditoire. Je ne veux pas qu’il soit dit qu’on rassemble tant de personnes dans les vénérables murs, assez mal rajeunis, de l’antique Sorbonne, pour leur faire des dissertations sur les cours d’amour, pour leur réciter des tensons, des lais, des discorts, que les chevaliers du moyen âge adressaient aux châtelaines. Je ne veux pas que mes ennemis, si j’ai des ennemis, puissent jamais accuser la Sorbonne et moi d’une pareille innovation. (Rires et applaudissements.)

Cependant, Messieurs, de bien graves auteurs ont traité cette matière. Les arrêts de ces cours frivoles, dont je ne veux pas une seconde fois prononcer le nom en langue vulgaire, ont été recueillis par un savant magistrat, sous le titre d’Arresta amorum. Les jugements auxquels a pré-