Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/24

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sidé la vicomtesse de Béziers, assistée de quatre-vingts dames du pays, étaient rendus en latin presque aussi bon que celui de saint Thomas.

On ne peut pas se dissimuler, d’ailleurs, qu’il y a tout un caractère de sociabilité, tout un trait caractéristique de l’histoire d’un peuple, dans l’institution de ces cours qui, des provinces du Midi, passèrent à d’autres parties de la France. De tels usages forment un curieux contraste avec la sanguinaire rudesse des mœurs féodales. Ce contraste si ancien peut servir à expliquer, dans un temps plus rapproché de nous, des singularités semblables ; par exemple, la grâce frivole, l’élégante urbanité, qui florissait à côté de la plus épouvantable barbarie du xvie siècle ; et plus tard, ce reste de dureté de mœurs que l’on remarque au commencement du siècle de Louis XIV, et jusque dans la politesse de sa cour. Le moyen âge est tout entier dans ce mélange, dans cette incohérence dramatique et pittoresque, dont notre jeune poésie s’inspire heureusement, et que je tâche d’examiner en érudit, comme l’ont fait Sainte-Palaye, Bonamy, l’abbé Le Bœuf, tant d’hommes graves qui écrivaient des mémoires pour l’Académie des Inscriptions, et qu’on n’a jamais accusés de manquer à la bienséance. Toutefois, je serai très-réservé,