Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/35

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mère semblera recommencer sous une autre forme.

Le monde italien avait du garder, plus que tout autre, la trace puissante de la domination romaine ; la langue latine avait du s’y corrompre plus lentement et plus difficilement qu’ailleurs. Par là on doit expliquer peut-être comment l’apparition du génie italien fut plus tardive que celle de l’esprit provençal ou français. Une sorte d’obscurité est répandue sur la naissance poétique de ce phénomène qu’on appelle le Dante. Rien ne l’annonce. D’où vient-il ? Comment tout à coup une langue est-elle formée, à l’instant où il est né ? Cinquante ans auparavant, où était cette langue ? Elle n’a pas laissé de monuments ; il faut disserter, conjecturer, pour croire qu’il existait dès lors une langue italienne. De savants hommes estiment qu’elle n’était pas autre que la langue romane. La vraisemblance repousse cette opinion ; mais les faits manquent pour la combattre. À peine s’est-il conservé quelques mots épars de cet idiome intermédiaire. Il semble que le Dante ait tellement saisi l’imagination de ses contemporains, quand il a paru, qu’aussitôt ils ont oublié tout le reste.

Quoi qu’il en soit, plus d’une cause avait pré-