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Pour les puristes de Rome, Auguste donc ne savait pas l’orthographe : il écrivait comme on parle. Cette méthode peut nous expliquer les singulières altérations de mots latins, que l’on rencontre dans la foule des inscriptions recueillies par Gruter et d’autres savants. La langue latine y paraît fort différente de ce que vous la voyez dans les livres. Cela tient soit à des archaïsmes, soit à des variations d’orthographe, soit, dans les inscriptions plus récentes et chrétiennes, à des erreurs que faisait naître la complication même de la langue. Quant aux archaïsmes, en fait de style et d’orthographe, il s’en est conservé des exemples curieux. Il y a dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, une inscription, trouvée sur une colonne rostrale, dans laquelle, vous, latinistes exercés, vous auriez quelque peine à reconnaître cette langue qui vous est familière.

Ainsi, la langue latine était, en quelque sorte, de son vivant, exposée à mille altérations, qui tenaient à la perfection même de sa contexture primitive. De plus, il y a dans les langues et dans l’esprit de l’homme un travail continu qui s’opère. Ce n’est pas, sous tous les rapports, je crois, un perfectionnement indéfini ; mais c’est une tendance progressive à la clarté, à l’ordre,