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à la méthode. De là vient ce que M. Schlegel appelle le caractère analytique des langues. À ce sujet, il explique comment même des idiomes qui n’ont pas subi l’influence de la conquête, et qui n’ont pas été déplacés de leur territoire, ont, par la marche naturelle de l’esprit humain, quitté les formes savantes de la grammaire synthétique, et pris les formes plus simples, plus claires, plus directes de la grammaire analytique.

Sur ce point que j’ignore, MM. les élèves de l’École préparatoire pourront consulter le jeune et célèbre orientaliste qui leur donne des leçons de grammaire générale, et qui possède si bien les idiomes de l’Inde ; car M. Schlegel, qui lui-même l’a vérifié par l’étude du sanscrit, nous atteste que c’est dans la presqu’île de l’Inde que s’est accomplie cette révolution grammaticale d’un peuple sur lui-même.

Quoi qu’il en soit, il paraît qu’au milieu de la perfection savante de la langue synthétique des Latins, il se préparait déjà quelques signes précurseurs de ce mouvement de l’esprit humain vers la clarté, vers la méthode, vers la précision, vers quelque chose de moins poétique et de plus net. Je vais en donner une preuve assez curieuse, empruntée de Suétone. Il s’agit