Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/81

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Maintenant, comme paraît le croire l’homme de talent et le savant célèbre auquel nous avons rendu tant d’hommages, faut-il supposer que cette langue, naissant chaque jour du latin, s’étendait uniformément à la plus grande partie des contrées réunies sous l’empire de Charlemagne ; qu’elle était parlée en deçà et au delà de la Loire ; qu’elle passa les Alpes et les Pyrénées, et fut commune à la France, à l’Italie et à une partie de l’Espagne ? À l’appui de cette conjecture, M. Raynouard cite des faits curieux, allègue des raisons ingénieuses. « Les premières traces de cette langue semblent identiques dans toutes ces contrées ; la langue romane existe encore aux îles Baléares. Des anecdotes prouvent qu’un Espagnol et un Italien s’entendaient au vie siècle. Le plus ancien monument de la langue romane parlée dans la France du Nord appartient à la langue romane du Midi. »

La réponse que nous soumettons à l’illustre savant sera d’abord théorique, puis technique et minutieuse. En général, il est à croire qu’une langue savante, travaillée en tous sens par la barbarie, et déconstruite par l’ignorance d’hommes grossiers de races et de contrées diverses, ne sera pas uniformément altérée ; car l’uniformité, c’est presque la science. L’unifor-