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justifier l’identité des langues vulgaires de la Provence, de l’Espagne et de l’Italie dans le ixe siècle. La chronique des saints lui en fournit ; car il y a telle légende pieuse, tel récit miraculeux du moyen âge, qui n’est plus maintenant qu’une pièce justificative dans un procès grammatical. Un Espagnol malade, visitant divers lieux saints de l’Europe pour obtenir sa guérison, vint à Fulde, dans la Hesse, où il fut accueilli par un prêtre étranger qui s’entretint facilement avec lui, parce que, dit la chronique, ce prêtre étant Italien, connaissait la langue de l’Espagnol. Le malade guérit. Mais il ne s’agit plus aujourd’hui que du fait grammatical. On a répondu que ce fait n’était pas péremptoire ; qu’aujourd’hui même un Italien et un Espagnol pourraient se comprendre, malgré le divorce bien réel des deux langues ; que cette facilité devait être plus grande à une époque où les idiomes vulgaires étaient plus près de leur source commune, le latin.

Examinons un autre fait. Gonzon, auteur italien du xe siècle, répondant à l’abbé de Saint-Gall, dit quelque part : « Le moine de Saint-Gall m’accuse à faux d’Ignorer les règles de la grammaire, bien que je sois gêné quelquefois en écrivant, par l’habitude de notre langue