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jour aussi doit s’altérer, périr, devenir barbare, et faire germer dans ses ruines de nouveaux idiomes.

Voici ce court échantillon de la langue vulgaire, qui était entendue des troupes de Charles le Chauve.

SERMENT DE LOUIS LE GERMANIQUE.

Pro Deo amur et pro xristian poblo et nostro commun salvament, d’ist di en avant, in quant Dcus savir et podir me dunat, si salvarai co cist meon fradre Karlo, et in adjuda et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dist ; in o quid il mi altresi fazet : et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai qui, meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit[1].

SERMENT DU PEUPLE FRANÇAIS.

Si Loduuigs sagrament, que son fradre Karto jurat, conservat ; et Karlus, meos sendra, de suo part non lo stanit ; si io returnar non l’int pois, ne io, ne ceuls cui eo returnar int pois, in nulla ajudha contra Lodhuwig nun li iver[2].

  1. Pour l’amour de Dieu et pour notre commun salut et celui du peuple chréticn, dorénavant, autant que Dieu savoir et pouvoir me donnera, oui, je soutiendrai mon frère Charles, ici présent, par aide et en toute chose, comme il est juste que l’on soutienne son frère, tant qu’il fera de même pour moi et jamais avec aucun ne ferai traité, qui, de ma volonté, soit préjudiciable à mon frère Charles.
  2. Si Lodwig garde le serment qu’à son frère Charles il jure, et si Charles, mon seigneur, de son côté, ne la maintient, si je ne puis l’y ramener, ni moi, ni aucun autre, je ne lui donnerai aucune aide contre Lodwig.