Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/63

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conséquences ?… Le chrétien peut dire que cela tendrait à prouver que notre liberté, notre dignité et notre bonheur réels ne sont pas de ce monde ; — en attendant, il n’est de réellement libres et de réellement seuls que ceux auxquels il a été donné de franchir, de sommets en sommets, la hiérarchie des idées, parce que ceux-là n’offrent guère de prise aux souhaits violents et s’inquiètent peu des maux ou des joies que leur présente la terre. Ils ne se préoccupent pas outre mesure de vivre ou de mourir : tout se définit tranquillement à leurs yeux ; ils font le bien, selon la plus simple acception du terme, autant qu’il leur est donné de pouvoir le faire, et ne savent ni haïr ni condamner. Les yeux fixés sur l’idéal, il leur est permis de juger, parce qu’ils aiment et qu’ils pardonnent. Ceux-là puisent, dans l’infini de cette expansion intérieure, le principe de l’immortalité. S’ils daignent prendre part à l’agitation universelle, soldats ou penseurs, aux premiers, le trône d’or de la loi, principe des forces brutales de la terre ; aux seconds, le sceptre de diamant de la parole, principe des forces motrices du monde. Mais, aussi, quelles profondes