Page:Vilmorin-Andrieux - Les plantes potagères, 1883.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
haricot.

la culture potagère ne commencent à en faire mention qu’à cette époque et en lui donnant une place très inférieure à celle qu’occupent dans leurs ouvrages les fèves et les pois. Depuis lors, et par l’effet de la grande variabilité dont le haricot est doué, il s’en est produit un nombre extrêmement considérable de variétés, et la culture de ce légume a pris dans son ensemble une importance considérable. Il se récolte annuellement en France plusieurs millions de kilogrammes de haricots secs, et l’on importe en outre des quantités très considérables de ces grains, qui occupent une des premières places dans l’alimentation publique. La chair du haricot est en effet une des substances végétales les plus riches en azote, et la composition n’en est pas sans analogie avec celle de la chair des animaux.

Culture. — Le haricot est extrêmement sensible au froid, il ne se développe bien et vigoureusement que sous l’influence d’une température supérieure à 10 degrés centigrades ; une gelée de 1 ou 2 degrés le fait périr. Il aime une terre légère, riche, saine et amendée au moyen de fumier bien divisé et bien incorporé au sol ; aussi vaut-il mieux le semer dans une terre fumée l’année précédente que sur fumure fraîche. Ces recommandations s’appliquent aussi bien à la grande culture qu’à la culture potagère.

Nous allons maintenant passer en revue rapidement les divers modes de culture généralement appliqués au haricot. Comme il aime beaucoup l’air et la lumière, on ne commence habituellement les semis sur couche chaude pour primeurs que dans le courant de février. On sème parfois en décembre ou janvier, mais il n’est pas rare de voir les plantes faites à cette époque s’étioler ou pourrir ; le semis se fait sous châssis, sur une couche de fumier recouverte de bonne terre ou de terreau sur une épaisseur de 0m,10 à 0m,15 ; on a soin de donner de l’air toutes les fois que le temps le permet, tout en maintenant la température au degré nécessaire pour que la végétation ne languisse pas. A mesure que les plantes prennent de la force, il faut enlever toutes les feuilles malades ou jaunissantes et quelques-unes même de celles qui sont saines et vigoureuses, mais qui donnent trop d’ombrage et empêchent la circulation de l’air.

Les premiers haricots verts peuvent être cueillis environ huit à dix semaines après le semis, quelquefois un peu plus têt, quand le temps a été très favorable. Les semis sur couche peuvent se continuer en mars ; ceux qu’on fait au mois d’avril se repiquent habituellement en pleine terre. Le repiquage peut, du reste, être employé utilement alors même que la culture se fait entièrement sur couche. Quelques jardiniers conservent les haricots flageolets forcés, après y avoir fait une cueillette de haricots verts, et, laissant les gousses qui viennent ensuite atteindre tout leur développement, ils obtiennent une récolte de haricots frais à écosser dès le mois dé mai, à une époque où ce légume a encore une grande valeur.

On emploie généralement pour cette culture : le H. nain de Hollande, à peine différent du flageolet blanc ; le H. flageolet hâtif d’Étampes, et le flageolet à feuille gaufrée. Le H. noir de Belgique et le jaune de Chalindrey conviennent également pour la culture forcée.

La saison du semis en pleine terre des haricots destinés à être cueillis en vert commence lorsque les gelées ne sont plus à craindre, et que la terre est