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laitue cultivée

de donner une description générale de la plante s’appliquant à toutes les variétés. On peut supposer cependant, et principalement d’après certaines formes chinoises non pommées, que la laitue, à son état naturel, doit se composer d’une rosette de grandes feuilles allongées, un peu spatulées et plus ou moins ondulées et dentées sur les bords ; du centre de la rosette s’élève une tige presque cylindrique, s’amincissant assez rapidement, et se ramifiant dès le tiers de sa hauteur, garnie de feuilles embrassantes, auriculées et devenant de plus en plus étroites à mesure qu’elles sont plus haut placées sur la tige. Les capitules sont nombreux, plus longs que larges, à fleurons jaune pâle. Graine petite, en forme d’amande très allongée et pointue à une extrémité, marquée de sillons longitudinaux assez profonds, ordinairement blanche ou noire, parfois brune ou d’un jaune roux. Un gramme en contient environ 800, et le litre pèse en moyenne 430 grammes. La durée germinative est de cinq années.

De bons auteurs semblent disposés à rapporter les laitues cultivées à deux types botaniques distincts, dont l’un aurait donné naissance aux laitues pommées proprement dîtes, à tête ronde ou aplatie, et l’autre aux laitues romaines, dont la pomme est haute et allongée. Cette double origine nous parait bien difficile à admettre : d’une part, parce que les deux classes de laitues se fondent l’une dans l’autre par des gradations presque insensibles, et, d’autre part, parce que, dès qu’elles montent à graine, les laitues à pomme ronde et les romaines ne présentent plus entre elles aucune différence : ce qui parait la meilleure preuve de leur identité d’origine.

Nous avons dit que la laitue cultivée est une plante annuelle, parce que le développement des tiges florales succède, sans interruption de végétation, à celui des feuilles radicales réunies en rosette, et parce que cette rosette elle-même se forme complètement en quelques semaines, et au plus en quelques mois. Cependant plusieurs variétés de laitues sont assez rustiques pour pouvoir être semées à l’automne pour passer l’hiver et ne monter à graine qu’au printemps. Il s’en faut beaucoup que toutes les variétés puissent se prêter à ce traitement. D’un autre côté, il y a beaucoup d’inégalité dans la promptitude avec laquelle les différentes laitues montent à graine sous l’influence des chaleurs de l’été. Ces différences de tempérament et d’aptitudes ont fait diviser les laitues, au point de vue de la culture, en trois classes :

Laitues d’hiver, qui peuvent supporter, moyennant quelques précautions, nos hivers ordinaires.

Laitues de printemps, qui se forment rapidement, semées tout de suite après l’hiver.

Laitues d’été, en général plus volumineuses que les laitues de printemps, et ne montant pas trop rapidement à graine pendant la saison chaude.

Quoique cette division n’ait rien de bien rigoureux, nous l’adopterons, parce qu’elle donne le moyen d’indiquer, sans tomber dans des répétitions interminables, le genre de culture qui convient à chaque variété. Nous indiquerons donc la manière dont on doit soigner les laitues d’hiver, puis nous donnerons la liste et la description des variétés comprises sous cette désignation ; nous ferons de même pour les laitues de printemps et d’été.