Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/14

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quels vents y règnent, quelle est la température du climat, quels sont les procédés de culture consacrés par la tradition ou conseillés par la nature du sol ; sache enfin quelles productions le terrain adopte volontiers ou refuse de donner. Ici les moissons viennent plus heureusement ; là ce sont les vignes ; ailleurs les arbres fruitiers et les herbages croissent et verdissent sans culture. Ainsi tu vois que le Tmole nous envoie son safran, l’Inde son ivoire, la molle Arabie son encens, les Chalybes aux bras nus leur fer, le Pont l’onguent précieux de ses castors, et l’Épire ses cavales qui viennent disputer les palmes d’Olympie. Telles sont les lois éternelles, telle est l’immuable constitution que, dès le principe, la nature imposa pour toujours à chaque climat, alors que Deucalion, pour repeupler le monde désert, jeta ces pierres fécondes d’où naquirent les hommes, race infatigable. À l’œuvre donc ! et que, dès les premiers jours de l’année, tes vigoureux taureaux retournent les terres grasses, et que l’été sec et poudreux pénètre et cuise de ses feux les mottes étendues au soleil. Si, au contraire, le terrain est sec par lui-même, il suffira