Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/16

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qu’au lever de l’Arcture le soc l’effleure d’un léger sillon : ainsi dans les terrains gras les herbes parasites n’étoufferont pas les joyeuses moissons ; ainsi le terrain maigre conservera le peu de suc dont il est humecté.

Laisse ensuite se reposer tes champs moissonnés, et que la terre pendant un an se raffermisse ; du moins n’y sème de nouveau le froment qu’au retour de la saison, et après avoir recueilli sur ce terrain une récolte de pois, de vesce légère, de lupins aux frêles chalumeaux, fragile et bruyante forêt de légumes résonnant dans leur cosse tremblante ; mais garde-toi d’y semer l’avoine, le lin et le pavot chargé des vapeurs du Léthé : ils dessèchent, ils brûlent la terre qui les reçoit. Cependant elle peut les supporter de deux années l’une, pourvu que tu ne te refuses pas à réparer par d’abondants engrais ton champ épuisé, et à lui rendre sa première vigueur en le couvrant des sels vivifiants de la cendre. Ainsi se reposent les champs par le seul changement de productions, et pendant ce temps-là la terre restée sans culture ne reste pas toutefois sans utilité.

Souvent il est bon de mettre le feu à un champ stérile et de livrer le chaume léger aux flammes pétillantes : soit que la terre reçoive de cet embrasement une énergie secrète et de nouveaux aliments ; soit que