Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/18

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le feu la purge de ses principes pernicieux, et la débarrasse d’une surabondance d’humidité ; soit que la chaleur élargisse ou multiplie les conduits souterrains par où la sève nourricière monte dans les tiges naissantes ; soit enfin que l’action du feu raffermisse et condense le sol, resserre ses pores trop dilatés, et qu’il en ferme ainsi l’entrée aux pluies fines, au soleil dévorant, au souffle desséchant de Borée.

Il n’aura pas travaillé en vain pour ses champs, le laboureur qui, le râteau à la main, brise les mottes inertes, et qui y promène la claie d’osier. La blonde Cérès le regarde et lui sourit du haut de l’Olympe. Elle ne voit pas d’un œil moins favorable celui qui croise par de nouveaux sillons les sillons déjà tracés, abat les rayons trop exhaussés, tourmente la terre sans relâche et lui commande en maître.

Laboureurs, demandez au ciel des solstices d’été pluvieux et des hivers sereins. C’est surtout un hiver sec et poudreux qui fait la joie des champs et donne de riants guérets. La Mysie est moins fière de ses récoltes, et le Gargare même s’admire moins dans ses brillantes moissons.