Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/38

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affile sous le marteau le soc émoussé de sa charrue, qu’il creuse en nacelle des troncs d’arbres, marque ses troupeaux et mesure ses grains. D’autres aiguiseront des pieux et des fourches à double dent, ou prépareront le saule d’Amérie pour lier la vigne naissante. Tressez en corbeille les baguettes flexibles de l’osier ; faites griller le blé et broyez-le entre les meules. Il est même, pour les jours de fête certaines occupations que n’interdisent ni la religion ni les lois : on peut, sans offenser les dieux, conduire l’eau dans les prés, entourer ses moissons d’un rempart d’épines, tendre des pièges aux oiseaux, livrer aux flammes les ronces d’un champ, et laver les brebis dans une eau salutaire. Bien souvent, ces jours-là, hâtant le pas tardif de son âne, qu’il a chargé d’huile et de menus fruits des champs, le villageois le conduit à la ville et en rapporte une meule ou sa provision de poix-résine.

La Lune amène aussi, dans son cours inégal, des jours favorables ou contraires à certains travaux. Redoute le cinquième : il a vu naître le pâle Orcus et les Euménides ; il a vu la Terre, par un enfan-