Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/40

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tement abominable, faire sortir de ses flancs Cée et Japet, et le farouche Typhée, tous ces frères géants conjurés contre le ciel. Trois fois leur audace s’efforça de mettre l’Ossa sur le Pélion, et de rouler l’Olympe avec ses forêts sur l’Ossa : trois fois la foudre du père des dieux renversa ces monts entassés. Le septième jour est, après le dixième, le plus heureux pour planter la vigne, pour soumettre au joug les jeunes taureaux, pour commencer à ourdir la toile. Le neuvième est propice à qui veut voyager, et funeste aux voleurs. Il est aussi des ouvrages que favorise la fraîcheur des nuits ou la rosée que l’étoile du matin répand sur la terre aux premiers rayons du soleil. C’est la nuit que les chaumes légers tombent plus facilement sous la faucille ; c’est la nuit qu’il est à propos de faucher les prés, trop souvent privés d’eau : l’humidité de la nuit les pénètre et les ramollit.

Plusieurs, dans les soirées d’hiver, veillant à la lueur d’une lampe, s’arment d’un fer tranchant et taillent le bois résineux en forme de torches. Cependant leur compagne charme par son chant les longues heures du travail, et fait courir entre les fils de la toile la navette retentissante, ou bouillir dans une chaudière d’airain le vin doux, dont elle enlève l’écume avec un vert rameau.

C’est au fort de la chaleur qu’il faut couper les moissons dorées ; c’est sous les ardeurs du milieu du jour que le fléau dépouille bien