Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ntement mourir. Plusieurs de nos garçons y sont restés qu’on n’a jamais revus : frère, prends garde au fond bleu de la mer !

― Je n’ai pas peur des démons et je leur arracherai leurs trésors, Lôli, si tu veux être ma fiancée.

― Viens voir le père demain, il rentre à l’île, dit-elle en riant à nouveau et en s’échappant, toute rouge ; et je l’entendis encore me crier du haut de la colline : « Prends garde au fond bleu de la mer !

Le lendemain, Michali accueillit ma demande ; mais il ajouta que n’ayant rien ni l’un ni l’autre il me fallait au moins deux années de travail pour gagner de quoi m’établir. Et je m’en fus, le cœur plein de courage et de douces chansons, me louer de nouveau à la pêcherie.

Les deux années passèrent, du temps béni où c’était joie de vivre. Mais que serait-ce à te raconter ? Chacun a les siennes, n’est-ce pas ? indifférentes pour les autres et dont le souvenir lui est tout. Le jour, je travaillais dans ma claire prison sous les masses d’eau et je m’attachais au dur métier, car le fond de la mer est fait pour ceux qui rêvent, le plongeur vit dans un miroir peuplé de formes vagues, qui lui semblent toutes la figure qu’il a au cœur. Quand je me sentais pris dans toutes ces algues pâles et baigné par tous ces rayons verts des grands fonds, je croyais à de molles caresses des cheveux et du regard de ma Lôli. Le soir, la tâche finie, je partais pour Stavro, chargé