Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/111

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à cet endroit à pic au-dessus de l’eau.

« Père, cria-t-elle en m’entendant venir, père, regarde Vanghéli qui passe ! » Et du doigt elle montrait sur l’horizon de mer une petite voile qui cinglait dans un rayon de lumière, avec une vague apparence de forme humaine.

« Vanghéli ! Vanghéli ! » Elle répétait mon nom en battant des mains, et avant que j’eusse pu courir ou crier à la Vierge, je vis la robe blanche disparaître comme un goëland qui s’envole ; le grand rire éclatant s’éteignit dans le bruit sourd d’un corps qui tombe à l’eau. Je plongeai sur sa trace, vingt fois je parcourus le fond de roches au pied de la falaise ; mais la lune s’était voilée, et malgré l’expérience de mon métier, cette mer que je connaissais si bien resta ténébreuse et vide pour moi. Quand je revins épuisé à la surface, la clarté renaissait sur les flots, je vis à ma gauche une écume blanche sur une lame, comme des plumes de cygne. Je nageai en hâte de ce côté ; comme j’approchais, le rayon frappa des tresses dorées et des rameaux de corail sur cette blancheur ; un nuage fit de nouveau la nuit sur la mer, et cette dernière vision s’évanouit comme une vapeur. Depuis, personne n’a rien revu ni retrouvé de Lôli.

Voilà cette triste histoire. Il me reste à te dire, ce que tu attends sans doute, comment je me vengeai. Dès le lendemain, je retournai à Leuka reprendre ma place. Aussitôt à la mer, je me fis descendre