Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/113

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Comme il achevait cette partie de son récit, Vanghéli se tut un moment ; sa parole s’attardait avec son âme à des pensées encore lourdes, malgré l’usure de tant d’années ; puis, secouant la tête comme pour chasser un essaim importun, il fit le geste de qui rejette un fardeau derrière soi, et reprit : J’étais monté sur une felouque de Thasos, mauvaise marcheuse et mal gréée ; une forte brise nous obligea de faire route au plus près des côtes de Candie ; je n’eus pas, comme la première fois, la chance d’échapper aux Égyptiens. Une bordée malheureuse nous porta sous le vent d’une frégate qui nous reconnut, nous donna la chasse et s’empara de nous. On me jeta avec les hommes de l’équipage dans l’entrepont, et, quelques semaines après, j’étais amené à Alexandrie et vendu comme esclave au bazar. Tu peux croire, effendi, si je maudissais mon sort et ma sottise à courir les hasards du monde, tandis qu’assis sur ma natte, dans la cour du grand khân, j’écoutais les acheteurs