Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/123

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Je suivis les conseils du père. Pour un long temps, je n’ai plus rien à te dire de ma vie ; ce fut celle de tous les pauvres gens qui m’entouraient. Après les années si troublées que je t’ai contées, elle dormit durant bien des saisons, comme l’eau tranquille de la petite anse où je renflouais les barques avariées en haute mer. Quand je regarde, du point où je suis arrivé, tout ce grand espace calme pris entre les orages du matin et ceux du soir, il m’apparaît comme un moment, et pourtant je vécus ainsi près d’un quart de siècle. J’approchais de la vieillesse et je me figurais qu’elle continuerait mon repos jusqu’à la fin de tout homme. Le Seigneur en décida autrement : mais aux aventures des vieilles gens il manque l’insouciance et l’espérance qui font supportables toutes celles de la jeunesse.

Je ne fus pas recherché durant tout le temps que les Égyptiens occupèrent le pays, jusqu’à la bataille de Nésib. De longues années de paix suivirent pour les chrétiens