Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/132

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J’ai passé là sept ou huit années de ma vie, les dernières et les plus aisées, celles où je touchai presque à la fortune. Si tu connais le pays, tu ne t’étonneras pas de me voir finir en servant les maîtres que j’ai commencé par combattre. C’était le moment où, dans tout l’empire, on appelait les chrétiens dans l’administration. Je fis rapidement mon chemin, grâce à la bienveillance du pacha, et je devins premier kiatib, puis defterdar du vilayet (chancelier du gouvernement). En ce temps-là je portais l’habit des fonctionnaires et je traversais le bazar de Bagdad sur un bel âne blanc, avec l’air respectable d’une autorité. On me saluait jusqu’à terre, on m’appelait Vanghéli-effendi, et je voyais venir le moment où je serais Vanghéli-bey. Je rêvais déjà de finir mes jours à Stamboul dans quelque haut bureau de la Porte ; qui sait jusqu’où je pourrais monter ? Tant d’autres, partis de plus bas que moi, gouvernaient le monde ! Rien n’est impossible à la volonté du Padichah, si Dieu le veut