Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/135

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tort de me mêler de ce qui n’était pas mon affaire ; d’ailleurs peut-être bien que le juif avait pris le sang de l’enfant, on ne sait jamais.

Le soir même, les Grecs firent une sédition ; on m’accusa d’être l’auteur du trouble ; le mollah, mon ennemi, assembla le medjliss et disposa tous les esprits contre moi. J’avais eu l’imprudence de ne pas faire encore mon présent de bienvenue au nouveau pacha, arrivé de la veille ; il fut facilement persuadé par mes adversaires et me destitua immédiatement de ma place. Comprenant que l’orage ne s’arrêterait pas là, je pris en hâte mon petit avoir, que j’avais converti au fur et à mesure en diamants, comme nous faisons tous pour nos fortunes sans cesse menacées : je cachai les pierres précieuses dans mon fez, et je courus, la nuit venue, à la maison du juif. Zacharias me reçut en tremblant dans l’arrière-chambre où il célébrait la fête avec sa famille sous les sept chandeliers : je lui rappelai qu’il me devait la vie et l’adjurai de garder fidèlement mon dépôt durant une absence que j’allais faire. Il enterra les pierres en jurant par le Dieu d’Abraham que tout ce qu’il possédait m’appartenait, puis il me pria de quitter sa maison, pour ne pas attirer le malheur sur son toit. Un ami vint m’apprendre au même instant que le pacha me faisait chercher pour comparaître en justice, sous l’accusation d’avoir détourné les deniers de l’État ; ordre était donné aux zaptiés, qui me connaissaient