Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/136

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bien, de veiller à toutes les portes de la ville et de ne pas me laisser échapper.

Il n’y avait pas de temps à perdre. Je me rendis au khân des Persans, d’où je savais qu’une caravane de morts devait partir le lendemain pour Kerbéla. Tu n’ignores pas que les Persans de tout le royaume et des provinces de Turquie portent leurs parents défunts à la ville sainte de Kerbéla, et qu’il arrive là chaque jour de fort loin des convois de cadavres. Je comptais qu’un Persan ne refuserait jamais l’occasion de gagner quelques tomans en jouant un bon tour aux Turcs. Je proposai à l’un d’eux, qui conduisait un oncle à Kerbéla, de me cacher dans un cercueil et de me charger sur son chameau pour faire contre-poids à son oncle, jusqu’à la sortie de la ville. Il accepta et je pus ainsi franchir les portes sans être inquiété. Je suivis la caravane jusqu’à Kerbéla. Je vécus misérablement durant une année, sur la frontière de Perse, d’un petit commerce d’épices et d’aromates pour embaumer les morts. Cette année écoulée, je pensai que mon affaire devait être oubliée ; ayant appris par un voyageur le changement du pacha qui m’avait poursuivi, je retournai à Bagdad. J’entrai le soir dans la ville et je vins frapper à la maison du juif. Après une longue attente, un jeune homme, que je reconnus pour son fils, entr’ouvrit la porte ; me demandant ce qui m’amenait. Je me nommai et réclamai le dépôt confié à son père.