Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/137

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« Hélas ! s’écria le juif en éclatant en sanglots, que le Dieu d’Abraham recueille le père dans son sein ! Il est parti pour les Indes, croyant amasser une grande fortune ; et voilà que l’autre semaine des marins de Bassorah sont venus m’apprendre que le bâtiment où il était a péri dans le golfe avec tout son bien. Nous sommes ruinés, que le Dieu d’Abraham aie pitié de nous ! »

Je répliquai vainement que Zacharias avait dû laisser mes pierres : le traître continua ses lamentations, m’offrant de fouiller la maison pour m’assurer de sa misère. Comme je le menaçais de la justice, il me répondit hypocritement qu’il me suivrait sur l’heure au tribunal, sachant bien que j’avais plus à craindre que lui de toute démarche bruyante. Il referma la porte en gémissant, tandis que je maudissais dans mon impuissance le toit et la race d’Ibn-Jéhoudah. Je me retrouvai dans la rue, seul, dépouillé, aussi pauvre que le jour où ma mère me jeta au monde, mais avec des cheveux blancs sur la tête et la tombe devant moi.