Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/145

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J’avais été vivement frappé par cette longue suite d’aventures, roulant cette âme d’imprévus en imprévus sans troubler sa placidité ni lasser sa résignation. Depuis, les soirs de voyage m’habituèrent à des rencontres pareilles, et comme la vie marche, grosse d’oubli, j’oubliai Vanghéli. L’été dernier, je me trouvais en Thessalie. Au sortir de la riante vallée de Tempé, une des seules promesses que tienne encore la Grèce d’aujourd’hui à qui va lui redemander sa poésie antique, j’avais traversé la triste plaine de Larisse et j’étais arrivé à Trikala, au pied des montagnes d’Épire. L’évêque grec, qui me donnait l’hospitalité, me proposa de me mener aux célèbres couvents des Météores. Nous remontâmes le cours du Léthé, en suivant la dernière branche que jette vers le nord la plaine de Thessalie, entre les contreforts de l’Olympe et la haute barrière du Pinde. Devant nous, à l’extrémité de cette vallée, des aiguilles d’aspect singulier, inexplicable, fermaient l’horizon comme un jeu de quilles de Titans.