Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/147

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Quelques-uns des couvents sont à la rigueur accessibles par un système d’échelles et de boyaux dans le roc, devant lequel hésiterait le plus intrépide gymnaste ; mais le moyen de communication habituel pour se hisser jusqu’au sommet, le seul possible pour ceux qui s’élèvent le plus haut, sur des aiguilles perpendiculaires et sans arêtes, est autrement original. Quand le visiteur ou le frère chargé d’apporter les provisions hèle les solitaires du fond de la gorge, il voit apparaître sur le rebord de la crête deux ou trois ombres noires, toutes petites à cette distance ; les ombres déroulent sur un tour une longue corde qui descend, apportant à son extrémité un filet de sparterie ; dès qu’elle a touché terre, on emmaillote dans le filet le voyageur pour les régions aériennes, on donne le signal, la corde remonte lentement : après plusieurs minutes, elle apporte son fardeau aux moines, qui le reçoivent sur la plate-forme.

Il faut avouer que la première expérience de ce mode d’ascension est absolument déplaisante. Replié sur lui-même dans le filet, dont les larges mailles laissent apercevoir en dessous l’abîme béant, balancé dans le vide ou heurté aux aspérités du roc par le mouvement de pendule de la corde, le voyageur regarde mélancoliquement décroître ses compagnons restés à terre, sans que les têtes qui l’attendent là-haut grossissent beaucoup. Ses souvenirs littéraires lui rappellent avec une netteté