Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/71

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des rainettes et des rossignols. Nous chevauchions à travers des bouquets de platanes, de lauriers et de chênes verts, guidés dans l’ombre par la voix des muletiers ; ces gens simples, gagnés insensiblement par cette majesté, reprenaient en chœur un lent refrain romaïque. Nous les suivions, assoupis sur la selle dans un demi-rêve par la fatigue d’une rude journée ; nul cependant n’eut la pensée de se plaindre des heures allongées et de mesurer la descente des étoiles dans un ciel si doux. Il était minuit quand la lune décroissante, apparue sur les hautes crêtes de l’Olympe de Bithynie, nous montra la nappe reposée du lac ; la ligne dentelée des remparts de Nicée moirait d’ombre le bleu des eaux.

Un double cordon de murailles flanquées de tours, presque intactes sous leur manteau de pariétaires, enceint le vaste champ de ruines où est perdue la bourgade turque d’aujourd’hui. Quatre portes triomphales y donnent accès. Nous nous dirigeâmes vers la porte de Stamboul, et notre petite troupe s’enfonça dans l’ombre des deux voûtes romaines, hautes et magnifiques, reliées par un pont couvert. Des figuiers, des graminées en fleurs se balançaient sur les architraves de marbre, riant au temps morose qui habite les vieilles pierres ; par les déchirures béantes des plafonds ruisselaient des ondées de clarté bleuâtre, qui faisaient sur le sol des mares de lumière où s’effrayaient nos chevaux. Tandis que