Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/74

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La scène est une natte tendue dans l’angle du mur : pour tout lustre, le classique mach’ala, le pieu fiché en terre et couronné d’une spirale de fer où brûlent des copeaux résineux. La flamme fuligineuse rase le sol ou monte au gré du vent, promenant tour à tour ses reflets rougeâtres sur les murs, les spectateurs, les acteurs. Des lueurs d’incendie transfigurent les loques de ceux-là et les oripeaux de ceux-ci, ou les replongent traîtreusement dans l’ombre au moment le plus pathétique du jeu. Les acteurs sont des Arméniens de Constantinople ; les plus jeunes tiennent les rôles de femme, affublés du féredjé et du yachmaq des dames turques. Quant à la pièce, c’est ce drame de la révolte, vieux comme le monde, dont le fabuliste a donné la moralité en cinq mots :

Notre ennemi, c’est notre maître.

C’est l’éternelle et populaire comédie de toutes les sociétés enfantines et malmenées, la revanche du