Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/80

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races. Celle de l’Asiatique ― mon homme en était un ; car ces Arabes de Syrie, du culte orthodoxe, n’ont de grec que la religion, et le nom qu’on leur donne improprement ― est simple, instinctive, rarement susceptible d’actions réflexes sur elle-même, partant difficile à comprendre pour l’Européen qui a deux âmes, l’une agissante, l’autre critique et analytique, sans cesse occupée à scruter, à glorifier, à plaindre la première. L’un de nous, en racontant ces aventures, en eût tiré mille conclusions personnelles, mille sujets de récriminations contre la destinée, d’orgueil ou d’étonnement. L’Oriental me les dit simplement, comme une chose toute naturelle, et vingt autres m’ont fait depuis mêmes récits avec même simplicité. Il ne faut chercher d’ailleurs dans cette histoire d’autre intérêt dramatique que celui d’une vie humaine, promenée par l’instinct nomade sur de larges horizons : elle donnera une idée de ces existences mobiles et fatalistes, dispersées au vent comme des fétus de paille sous le fléau et accomplissant leur évolution sur l’aire, sans s’étonner jamais de la hauteur du vol ni de la chute.