Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/81

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Je suis né à Lattaquieh, le jour de la fête des saints Évangiles ; d’où le nom de Vanghéli que j’ai reçu au baptême. Je ne te dirai pas en quelle année c’était, effendi : à cette époque, le papas n’inscrivait pas encore sur les registres : ― vers le temps où l’empereur franc faisait le siège d’Acre. Il y avait bien du trouble, de la misère et du sang sur les côtes de Syrie, d’Iskendéroun à El Arisch. Mon père, Antoun Yussuf, tenait boutique sur la marine ; il vendait des voiles et des cordages aux mahonnes, des rames et de vieilles ancres aux caïques de pêche. Mon père était pauvre et honnête homme, comme tous ceux qui demandent leur pain à la mer. J’ai grandi là, regardant partir les barques des îles qui apportaient le vin et les olives, désirant toujours m’en aller avec elles par delà les dernières lignes d’eau qui touchent le ciel, quelque part, plus loin. Quand je fus en âge d’apprendre mes lettres, on me confia au pédagogue, durant la mauvaise saison ; comme je les appris vite, il dit à