Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
ANNALES DE L’EMPIRE.

Bossu, qui était l’aîné de tous, n’avait point d’apanage ; et voilà l’origine de la conspiration. Il est arrêté à Ratisbonne avec ses complices, jugé par un parlement, tondu, et mis dans le monastère de Prum, dans les Ardennes. On crève les yeux à quelques-uns de ses adhérents, et on coupe la tête à d’autres.

794. Les Saxons se révoltent encore, et sont encore facilement battus. Vitikind n’était plus à leur tête.

Célèbre concile de Francfort. On y condamne le second concile de Nicée, dans lequel l’impératrice Irène venait de rétablir le culte des images.

Charlemagne fait écrire les livres carolins contre ce culte des images. Rome ne pensait pas comme le royaume des Francs, et cette différence d’opinion ne brouilla point Charlemagne avec le pape, qui avait besoin de lui. Observez que les livres carolins et le concile de Francfort traitent les Pères du concile de Nicée d’impies, d’insolents, et d’impertinents ; les Gaulois, les Francs, les Germains, encore barbares, n’ayant ni peintres ni sculpteurs, ne pouvaient aimer le culte des images.

Observez encore que la religion de presque tous les chrétiens occidentaux différait beaucoup de celle des orientaux.

Claude, évêque de Turin, conserva surtout dans les montagnes et dans les vallées de son diocèse la croyance et les rites de son église : c’est l’origine des réformes prêchées et soutenues presque de siècle en siècle par ceux qu’on appela vaudois, albigeois, lollards, luthériens, calvinistes, dans la suite des temps.

795. Le duc de Frioul, vassal de Charles, est envoyé contre les Huns, et s’empare de leurs trésors, supposé qu’ils en eussent. Mort du pape Adrien, le 25 décembre. On prétend que Charlemagne lui fit une épitaphe en vers latins. Il n’est guère croyable que ce roi franc, qui ne savait pas écrire couramment, sût faire des vers latins.

796. Léon III succède à Adrien. Charles lui écrit : « Nous nous réjouissons de votre élection, et de ce qu’on nous rend l’obéissance et la fidélité qui nous est due. » Il parlait ainsi en patrice de Rome, comme son père avait parlé aux Francs en maire du palais.

797-798. Pepin, roi d’Italie, est envoyé par son père contre les Huns, preuve qu’on n’avait remporté que de faibles victoires. Il en remporte une nouvelle. La célèbre impératrice Irène est mise dans un cloître par son fils Constantin V[1]. Elle remonte sur le

  1. L’Art de vérifier les dates le nomme, ainsi que Voltaire, Constantin V ; la Biographie universelle, et Lebeau, disent Constantin VI : Moréri, Constantin VII.