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CHARLEMAGNE.

trône, fait crever les yeux à son fils, il en meurt ; elle pleure sa mort. C’est cette Irène, l’ennemie naturelle de Charlemagne, et qui avait voulu s’allier avec lui.

799. Dans ce temps-là, les Normands, c’est-à-dire les hommes du Nord, les habitants des côtes de la mer Baltique, étaient des pirates. Charles équipe une flotte contre eux, et en purge les mers.

Le nouveau pape Léon III irrite contre lui les Romains. Ses chanoines veulent lui crever les yeux, et lui couper la langue. On le met en sang, mais il guérit. Il vient à Paderborn demander justice à Charles, qui le renvoie à Rome avec une escorte. Charles le suit bientôt. Il envoie son fils Pepin se saisir du duché de Bénévent, qui relevait encore de l’empereur de Constantinople.

800. Il arrive à Rome. Il déclare le pape innocent des crimes qu’on lui imputait, et le pape le déclare empereur aux acclamations de tout le peuple. Charlemagne affecta de cacher sa joie sous la modestie, et de paraître étonné de sa gloire. Il agit en souverain de Rome, et renouvelle l’empire des Césars. Mais, pour rendre cet empire durable, il fallait rester à Rome. On demande quelle autorité il y fit exercer en son nom : celle d’un juge suprême qui laissait à l’Église tous ses priviléges, et au peuple tous ses droits. Les historiens ne nous marquent pas s’il entretenait un préfet, un gouverneur à Rome, s’il y avait des troupes, s’il donnait les emplois : ce silence pourrait presque faire soupçonner qu’il fut plutôt le protecteur que le souverain effectif de la ville dans laquelle il ne revint jamais.

801. Les historiens disent que dès qu’il fut empereur, Irène voulut l’épouser. Le mariage eût été entre les deux empires plutôt qu’entre Charlemagne et la vieille Irène.

802. Charlemagne exerce toute l’autorité des anciens empereurs partout ailleurs que dans Rome même. Nul pays, depuis Bénévent jusqu’à Bayonne, et de Bayonne jusqu’en Bavière, exempt de sa puissance législative. Le duc de Venise, Jean, ayant assassiné un évêque, est accusé devant Charles, et ne le récuse pas pour juge.

Nicéphore, successeur d’Irène, reconnaît Charles pour empereur, sans convenir expressément des limites des deux empires.

803-804. L’empereur s’applique à policer ses États autant qu’on le pouvait alors. Il dissipe encore des factions de Saxons, et transporte enfin une partie de ce peuple dans la Flandre, dans la Provence, en Italie, à Rome même.

805. Il dicte son testament, qui commence ainsi : « Charles,