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ANNALES DE L’EMPIRE.

table de Bourbon ; c’est lui qui acheva de chasser cette année les Français de la petite partie du Milanais qu’ils occupaient encore, qui battit Bonnivet à Biagrasse, où fut tué le chevalier Bayard, très-renommé en France.

Le marquis de Pescara, que les Français appellent Pescaire, digne émule de ce Jean de Médicis, marche en Provence avec le duc de Bourbon. Celui-ci veut assiéger Marseille malgré Pescara, et l’entreprise échoue ; mais la Provence est ravagée.

François Ier a le temps d’assembler une armée ; il poursuit les Impériaux, qui se retirent ; il passe les Alpes. Il rentre pour son malheur dans ce duché de Milan pris et perdu tant de fois. La maison de Savoie n’était pas encore assez puissante pour fermer le passage aux armées de France.

Alors l’ancienne politique des papes se déploie, et la crainte qu’inspire un empereur trop puissant lie Clément VII avec François Ier : il veut lui donner le royaume de Naples. François y fait marcher un gros détachement de son armée. Par là il s’affaiblit en divisant ses forces, et prépare ses malheurs et ceux de Rome.

1525. Le roi de France assiége Pavie. Le comte de Lannoy, vice-roi de Naples, Pescara et Bourbon, veulent faire lever le siége, en s’ouvrant un passage par le parc de Mirabel, où François Ier était posté. La seule artillerie française met les Impériaux en déroute. Le roi de France n’avait qu’à ne rien faire, et ils étaient vaincus. Il veut les poursuivre, et il est battu entièrement. Les Suisses, qui faisaient la force de son infanterie, s’enfuient et l’abandonnent ; et il ne reconnaît la faute de n’avoir eu qu’une infanterie mercenaire et d’avoir trop écouté son courage que lorsqu’il tombe captif entre les mains des Impériaux et de ce Bourbon qu’il avait outragé[1], et qu’il avait forcé à être rebelle.

Charles-Quint, qui était alors à Madrid, apprend l’excès de son bonheur, et dissimule celui de sa joie. On lui envoie son prisonnier. Il semblait alors le maître de l’Europe. Il l’eût été en effet si, au lieu de rester à Madrid, il eût suivi sa fortune à la tête de cinquante mille hommes ; mais ses succès lui firent des ennemis d’autant plus aisément que lui, qui passait pour le plus actif des princes, ne profita pas de ces succès.

Le cardinal Wolsey, mécontent de l’empereur, au lieu de porter Henri VIII, qu’il gouvernait, à entrer dans la France abandonnée et à la conquérir, porte son maître à se déclarer contre Charles-

  1. Voyez tome XII, page 259.