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ACTE I, SCÈNE I. 97

Vers 45. Ma gloire et mon amour peuvent bien peu sur moi, S'il faut votre présence à soutenir ma foi.

Une présence à soutenir la foi n'est pas français. On dit il faut soutenir, et non à soutenir 1 .

Vers 49. Attale, qu'en otage ont nourri les Romains,

Ou plutôt qu'en esclave ont façonné leurs mains, Sans lui rien mettre au cœur qu'une crainte servile, Qui tremble à voir une aigle et respecte un édile.

La crainte qui tremble paraît une expression faible et négligée, un pléonasme. Ce vers est très-beau, qui tremble à voir une aigle et respecte un édile.

Vers 56. Et si Rome une fois contre nous s'intéresse.

On se ligue, on entreprend, on agit, on conspire contre ; mais on s'intéresse pour. On peut dire : Rome est intéressée dans un traité contre nous. Contre tombe alors sur le traité. Cependant je crois qu'on peut dire, en vers, s'intéresse contre nous: c'est une espèce d'ellipse.

Vers 63 La reine d'Arménie

Est due à l'héritier du roi de Rithynie,

Et ne prendra jamais un cœur assez abject

Pour se laisser réduire à l'hymen d'un sujet.

Cette expression de prendre un cœur, pour signifier prendre des sentiments, n'est guère permise que quand on dit prendre un cœur nouveau, ou bien reprendre cœur, reprendre courage.

Vers 73. Et saura vous garder même fidélité

Qu'elle a gardée aux droits de l'hospitalité.

Même fidélité qu'elle a gardée est un solécisme ; il faut la même fidélité, ou cette fidélité.

Vers 77. Seigneur, votre retour, loin de rompre ses coups, Vous expose vous-même, et m'expose après vous.

On ne rompt pas plus des coups que des spectacles.

Vers 79. Comme il est fait sans ordre, il passera pour crime. Faire un retour est un barbarisme.

��1. Il faut votre présence pour soutenir, et non à soutenir. Voilà ce qu'a voulu dire Voltaire. (G. A.)

32. — Gomm. sir. Corneille. II. 7

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